BOURG-LÈS-VALENCE



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



BOURG-LÈS-VALENCE



BOURG-LÈS-VALENCE (Burgum Valentioe). Sa population agglomérée est d'environ 1,200 individus, et sa population totale de 2,820. Une même enceinte renferme Valence et le Bourg : c'est en quelque sorte un village dans l'intérieur d'une ville, car, à l'exception de la grande rue, qui communique avec Valence, il est fort mal bâti. Il eut toujours son administration particulière. Son territoire, qui limite au nord celui de Valence, a les mêmes productions, mais le sol en est moins nerveux. Peu de terres sont cultivées en blé ; quelques-unes reçoivent du méteil, et les autres, en plus grand nombre, ne sont propres qu'au seigle. Les prairies occupent la meilleure partie du sol, et donneraient toujours d'abondantes récoltes, si leur assiette, trop basse et couverte d'un trop grand nombre de sources, ne les exposait à de fréquentes inondations.
Il se fait au Bourg un petit commerce de planches, de tuiles, de briques, de chaux et de charbon de terre. Il y a une imprimerie d'indiennes qui occupe une vingtaine d'ouvriers. Les belles eaux qui circulent aux portes et dans l'intérieur même du Bourg, présentent beaucoup de facilités pour des établissemens importans qu'il est très désirable de voir s'y former, puisqu'ils fourniraient du travail et des moyens d'existence à de nombreuses familles, que l'exploitation des terres, la navigation du Rhône et les autres ressources dont on vient de parler, ne sauvent pas de l'indigence, car les habitans de cette commune sont généralement pauvres.
Le Bourg renferme des vestiges d'anciens édifices, qui attestent une antique origine, sans en déterminer l'époque. Son église date, dit-on, du règne de Charlemagne. Ce qu'il y a de certain, c'est que sur la fin du VIIIme siècle une abbaye de bénédictins fut fondée dans ce lieu. Plus tard, les moines furent sécularisés, et le monastère transformé en une collégiale, qui a duré jusqu'en 1727, époque à laquelle l'évêque de Valence réunit le chapitre du Bourg à celui de Saint-Apollinaire.
On voit sur le territoire du Bourg plusieurs maisons de campagne, parmi lesquelles on distingue celle de M. Bérenger, membre de la chambre des députés, et le château du Valentin, appartenant à M. le marquis de Sieyes. Au milieu d'un fort beau parc, près de la grande route et à une très petite distance du Rhône, la situation de ce château est on ne saurait plus agréable. Il fut bâti vers le milieu du XVIIme siècle, par Daniel de Cosnac, évêque de Valence et de Die, le même qui fut nommé à l'archevêché d'Aix en 1687, et dont M.me de Sévigné, dans une lettre écrite de Valence le 6 octobre 1673, parle comme d'un prélat éminemment distingué par son esprit. De M. de Cosnac, le Valentin passa dans la maison de Veynes, que représente M. de Sieyes. Le duc de Bourgogne, voyageant dans le midi, alla chasser et loger au Valentin, et M. le marquis de Veynes, pour consacrer en quelque sorte cette visite du prince, le fit représenter à cheval sur la façade du château, où on le voit encore, malgré les dégradations que ce bas-relief a éprouvées dans la révolution.

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